Chronique par Olivier Genoux de Lycos:
L'enfant terrible a bouclé la boucle. Enfoncé par la soi-disante Amérique bien pensante, elle-même appuyée par l'acharnement médiatique consécutif à la tuerie de Littleton, Marilyn Manson, celui qu'on adore détester outre-atlantique, nous revient plus virulent et combatif que jamais. Avec "Holy Wood...", le révérend livre un camouflet cinglant et brut de décoffrage à la bigoterie ambiante.
"Holy Wood..." est un challenge en forme de concept album, le dernier volet d'un triptyque ébauché sur "Antichrist Superstar", brûlot qui éructait le nihilisme le plus glacé, avant le pied de nez glam rock de "Mechanical Animals".
Forcément calculateur, foutrement malin, cet apôtre a su régler comme du papier à musique ces quelques dix neuf titres douloureusement sombres, jalonnant dans une veine goth-metal-indus cet opus remarquable. L'intro de "Godeatgod" rappellerait presque Christian Death, et le beat martial de "Disposable Teens", son "Beautiful People" de 1996. Les incontournables "The Fight Song", "The Death Song", "The Nobodies" (l'un des tous meilleurs titres), "Born Again", "Burning Flag" et autres "President Dead" lui offrent l'opportunité de déchaîner sa sauvagerie, domptant le mal par le mal à coup d'adrénaline rageuse, le leitmotiv n'étant pas la provocation outrancière, sinon la perception d'un type profondément humain, donc torturé.
Cette ellipse salvatrice, pour celui qu'on appela un temps Omega, prouve, s'il en était la peine, que sa résurrection n'est pas le fruit du hasard et qu'il est toujours là et bien là. A déconseiller toutefois aux âmes trop sensibles...
Le pire cauchemar de ce cher W ne fait que (re)commencer.